jeudi 20 novembre 2008

La Banque Mondiale vue par Erik Orsenna

Le siège de la Banque Mondiale, Washington D.C., USA. Un lieu moteur de la mondialisation?

Pour bien comprendre de quoi il s'agit, une vidéo proposée par lewebpedagogique.com en partenariat avec la BNP:




La Banque Mondiale en quelques chiffres:
La Banque Mondiale a été créée en 1944, lors de la conférence de Bretton Woods.
Composée au départ de 44 pays, elle en compte aujourd'hui 185.
Entre 2005 et 2008, la Banque Mondiale a versé 12 milliards d'euros aux pays en développement.
Les principaux pays donateurs sont Etats-Unis, Royaume-Uni, Japon, Allemagne, France. Récemment la Chine est devenue pour la première fois un pays donateur.
Les principaux pays "bénéficiaires" sont l'Inde, le Pakistan, le Viêt Nam, le Nigéria et l'Ethiopie.
Le président de la Banque Mondiale, qui emploie 10000 personnes, est Robert Zoellick.

Logo de la Banque Mondiale

Le texte de l'académicien Erik Orsenna que je vous ai lu en classe, extrait de Voyage aux pays du coton. Petit précis de mondialisation (Fayard, 2006) un livre à lire absolument (un jour en tous cas):

"[...] À ceux qui, comme moi, aiment tout à la fois la proximité de la décision et le spectacle de la diversité épidermique de notre planète, je conseille un banc, à la pointe ouest du triangle formé par la 18th Street, H Street et Pennsylvania Avenue [Washington]. Vous aurez une vue imprenable sur un immeuble de verre, rendez-vous de tous les peuples de la Terre. Certains vous diront qu'un autre banc, new-yorkais celui-ci, face au siège des Nations unies, vous procurera plus de plaisir encore. Ne les écoutez pas. Car l'ONU décide rarement. Tandis que, dans mon immeuble de verre, on n'arrête pas de trancher, choisir, imposer... Mon immeuble de verre est le plus géante des cliniques en même temps que la plus sévère des écoles de la modernité. On y répare la moitié (pauvre) du monde et on tente de lui inculquer les règles de base de toute civilisation. Mon immeuble de verre est l'immeuble le plus important du monde, puisque c'est celui de la Banque mondiale. Un immeuble où une foule n'arrête pas d'entrer et d'où une autre foule n'arrête pas de sortir. En effet, les banquiers mondiaux sont perpétuellement en mission : quand on est médecin et pédagogue, il faut aller à la rencontre des populations. Des rencontres très profitables pour les compagnies aériennes et les agences de tourisme (un banquier mondial ne peut se permettre – standing oblige – de voyager en classe économique). Et aussi bénéfique pour les banquiers mondiaux, puisque les missions s'accompagnent de frais de mission. Mais ne soyons pas médisant. L'avidité pécuniaire, chez un banquier mondial qui se respecte, n'est qu'une motivation secondaire. Le vrai moteur du banquier mondial, c'est la passion d'avoir raison en tout, toujours et partout. A chacun des mes voyages, même les plus lointains, de l'autre côté de la mer, au bout de pistes improbables et défoncées, je suis tombé sur un banquier mondial. Et sur l'irrigation, le paludisme, le microcrédit ou l'alphabétisation des filles, le banquier avait raison. Deux jours entiers, bien assis sur mon banc, au bord de Pennsylvania Avenue, je n'ai pas quitté des yeux les deux foules bigarrées, celle qui entrait dans l'immeuble et celle qui en sortait, celle qui partait en mission et celle qui en revenait. J'aurais peut-être dû me lever, me poster devant la porte et poser des questions : puisqu'ils savaient tout sur tout, ces missionnaires auraient pu m'expliquer les secrets du coton. Mais une lassitude m'a retenu. Je savais ce qu'ils me répéteraient tous. Privatisation. Privatisation au Mali, privatisation en Égypte, privatisation en Ouzbékistan, privatisation en Inde... Comment croire qu'un seul mot puisse répondre à toutes les questions du monde? Peut-être qu'une seule banque pour le monde entier, même remplie de foules voyageuses et bigarrée, n'est pas une bonne idée?"

(Voyage aux pays du coton. Petit précis de mondialisation, Fayard, 2006, p:59 à 61)


Manifestation contre la Banque Mondiale ici à Jakarta (Indonésie) en 2004: on lit disctinctement un "Shut Down!! The World Bank", assez explicite. Article sur une autre manifestation anti-Banque Mondiale (et anti-FMI, les deux sont souvent associés) à Port-Louis (Ile Maurice) en 2005. En 2007, le président Vénézulien, Hugo Chavez a déclarer vouloir quitter la Banque Mondiale et le FMI mais ne s'est toujours pas exécuté. Tous repprochent aux deux institutions de servir les intérêts des firmes transnationales et des Etats les plus puissants.

Une autre citation extraite du livre d'Orsenna que je n'ai pas eu le temps de vous lire mais très intéressante. Encore une fois les organisations internationales qui organisent le monde sont, indirectement, pointées du doigt:


"La mondialisation n'est pas seulement une affaire d'espace. Elle a ouvert la guerre des horloges.
Aux siècles précédents, les économies nationales ne se pressaient pas trop: elles se construisaient, bien à l'abri de frontières douanières très hautes et très étanches. Elles ne s'ouvraient qu'une fois assez fortes pour se mesurer aux rivaux les plus redoutables. Aujourd'hui, ces protections, ces lenteurs "éducatives" ne sont plus autorisées. A peine a-t-on commencé à naviguer qu'il faut affronter le vent du large."

(Voyage aux pays du coton. Petit précis de mondialisation, Fayard, 2006, p:48)


QUELQUES LIENS POUR APPROFONDIR:
La Banque Mondiale sur le site de la Documentation Française.
La Banque Mondiale sur Wikipédia.
Critiques du livre d'Erik Orsenna (allez voir la très originale page d'accueil de son site, dommage, Voyage aux pays du coton n'y figure pas...) sur Biblioblog, sur Afrik.com, sur les Cafés Géographiques, sur Le Télégramme.com,

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour mr raingeard, c'est encore moi^^ je voulais vous demander qu'est-ce que vous entendez par "altermondialisation", par rapport au produit que l'on doit choisir? je ne suis pas la seule a ne pas avoir compris...
Merci, Léa.

Monsieur Raingeard a dit…

Bonsoir,

Ce que je vous demande c'est de vous intéressez aux éventuelles critiques (environnement, social, économique...) qui visent "votre" produit, que cela soit au niveau de l'exploitation (surtout pour les matières premières), la fabrication ou la commercialisation.

Pensez aux critiques contre l'iPod que nous avons évoquées en classe et aux groupe "anti-iPod".

Si vous avez d'autres questions n'hésitez pas!

Anonyme a dit…

okay, merci, et pour "les acteurs", vous attendez des noms de personnes ou des entreprises qui conditionnent, transportent, etc, le produit? par exemple pour les GNL, jai plusieurs entreprises internationales qui s'en occupent...

Monsieur Raingeard a dit…

C'est tout à fait ça.

Il peut bien sûr y avoir plusieurs acteurs (qui sont aussi les consommateurs)

Anonyme a dit…

Ah, les consommateurs aussi? okay, merci!^^

Anonyme a dit…

Oh! une dernière chose, il faut écrire beaucoup? Combien de pages?
Merci, à Mardi!

Anonyme a dit…

bonjour monsieur
j'ai choisi comme produit le coca cola mais là je doute parce que selon vous c'est un produit ou une marque d'un produit(d'une boisson)?ai je le droit d'étudier ce "produit"?

Anonyme a dit…

parce qu'en plus là je viens de voir sur le net un truc qui dit:"La société est souvent associée à son produit phare le Coca-Cola": "produit"!!!! donc c'est ok, non?

Anonyme a dit…

bonsoir monsieur j'ai un doute le controle de géo c'est mardi ou mercredi?
sharmila