dimanche 3 mai 2009

Colonisation, décolonisation: ressources vidéos

Caricature de Willem parue en octobre 2005 dans Libération. Il y a ici une référence au projet de loi visant à l'enseignement du "rôle positif de la colonisation" et à la torture organisée par l'armée française et en particulier le général Massu lors de la guerre d'Algérie.

Absent cette semaine je vous propose d'enrichir votre cours sur le colonialisme à travers quelques vidéos trouvées sur le net et dont je vous ai déjà parlé en classe. Il serait bien de vous partager les visionages puis que vous en diffusiez le résumé à vos camarades.

Zoos humains, de Pascal Blanchard et Eric Deroo (2002)

Documentaire.
Le film "Zoos humains" est né d'un travail universitaire réalisé par Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire, aidés par de nombreux spécialistes de la question (53 auteurs en tout), dont les résultats sont disponibles dans
l'ouvrage collectif Zoos humains, de la venus hottentote aux reality shows, publié en 2002 aux éditions La Découverte. L'ouvrage veut avant tout étudier la construction de la perception du colonisé, de l'Autre, par les Européens, en déterrant une pratique, les zoos humains, placée au coeur de la politique coloniale mais totalement effacé de notre mémoire collective. Le livre explore particulièrement la période 1830-1931, siècle de l'apogée des zoos humains ou expositions zoologiques et de l'enracinement des clichés raciaux dans les mentalités occidentales, à l'origine du "racisme populaire" mis en avant dans le documentaire, et dont des traces sont encore visibles aujourd'hui.



Zoos humains
envoyé par hopto

Liens: le site ww.zoohumain.com ou musée virtuel du colonialisme et du racisme ; "Ces zoos humains de la république coloniale" un article du Monde Diplomatique signé Blancel, Blanchard et Lemaire ; la page du site d'Arte présentant le documentaire "Zoos humains".


Le roi blanc, le caoutchouc rouge et le sang noir, de Peter Bate (2004)


Documentaire.
Léopold II est honoré comme un grand roi dans les manuels scolaires belges depuis une centaine d'années, et, ce, même si on le croit responsable de la mort de dix millions d'Africains au Congo. C'est ce que ce documentaire controversé avance. En 1885, les grandes puissances occidentales ont accordé au roi Léopold un type de souveraineté philanthropique sur ce pays africain inexploré. Le roi a nommé un explorateur pour superviser le « défrichage » du pays, qui a souffert de l'exploitation démesurée de ses ressources naturelles pour répondre aux besoins industriels pressants en caoutchouc naturel. Le film déterre l'histoire cachée et les pages les plus sombres du chapitre humain et économique et, empruntant un terme (très) lourd de sens, dépeint Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha comme l'égal de Hitler en ce qui a trait à la cruauté et la culpabilité universelle. Seriez-vous surpris d'apprendre que lorsque la diffusion du film a été annoncée, la maison royale s'est mise à fulminer et elle n'apprécie encore guère le film. Ils ne sont pas les seuls Belges à maudire le réalisateur britannique. (source: presafrique.com)





Liens
: une dossier très complet consacré aux crimes commis au Congo belge intitulé "Un holocauste oublié au Congo ou l'Apocalypse selon Léopold II" sur le site presafrique.com ; extraits d'un débat organisé par la RTBF (chaîne de télévision belge) au sujet du documentaire.


Namibia, genocide and the 2nd Reich, documentaire de la BBC (2005)


Documentaire britannique.
En janvier 1894,
devant la découverte de fantastiques gisements de diamants en Namibie, l'Allemagne d'Otto Von Bismarck envoya les troupes coloniales allemandes pour réaliser une politique de déplacement et de confiscations systématiques des terres des Héréro en Namibie. Devant la multiplication des actes de barbarie par les troupes occupantes, le peuple Héréro décida de se rebeller. Cette rébellion fut conduite par le Chef Samuel Mahéréro en janvier 1904. On dénombra plusieurs dizaines de morts de part et d'autres. Le Kaizer Guillaume II décida alors d'envoyer un renfort de 10.000 hommes dirigés d'une main de fer par le général Lothar Von Trotha qui instaura en guise de répression un massacre systématique du peuple Héréro en fuite. Sur 80 000 Héréros que comptaient la Namibie, 10 000 survécurent tant bien que mal. La civilisation Héréro venait quasiment de disparaître. La plupart furent soit massacrés (femmes, hommes, vieillards, enfants) ou moururent d'inanition ou de maladies infectieuses dans le désert d'Omaheke (l'actuel désert de Khalarari).
Les survivants furent parqués dans des camps de concentration préfigurant la Shoah et les méthodes nazis. En août 2004, l'Allemagne a formulé pour la première fois ses excuses formelles pour le massacre colonial de 65.000 membres de la communauté des Héréro par les troupes allemandes en Namibie. (source: pressafrique.com)




Liens
: les Herero sur pressafrique.com et sur le site de la Ligue des Droits de l'Homme de Toulon ; un article en anglais sur
les excuses allemandes (BBCNews).


Afrique 50, de René Vautier (1950)


Documentaire.

René Vautier, né en 1928, est une personne engagée: dès 1943 il entre dans la Résistance française et reçoit de nombreuses décorations. Il est d'ailleurs surnommé « le petit breton à la caméra rouge » en raison de cet engagement qui le caractérise encore aujourd'hui. Afrique 50 est son premier film après ses études de cinématographie. Au départ il s'agissait d'une commande de la Ligue de l'Enseignement, il en ressort un film dénonçant le colonialisme et qui, pour cette raison, fut interdit de diffusion pendant 40 ans en France. Ce film est tourné comme un documentaire de propagande mais le discours, prononcé par Vautier lui-même, est très militant et fait de l'Afrique une terre pillée par un système colonial « corrompu, raciste et machiavélique ». Filmé en Côte-d'Ivoire, Afrique 50 est un témoignage de la colère dans les colonies qui sont sur la voie de l'indépendance (la France est alors en guerre contre l'Indochine et la situation en Algérie se dégrade). Il compare la colonisation à l'occupation de la France par les Nazis (1940-1945) comparant certains villages africains à Oradour (village massacré par les SS en 44); certains martyrs africain à Guy Mollet (fusillé par les nazis en 1941).




Liens
: René Vautier sur wikipédia ; interview de Vautier sur le site de LaTéléLibre.fr ; présentation complète du documentaire Afrique 50 ; des très nombreux liens sur le réalisateur.


L'ennemi intime, de Florian Emilio Siri (2007)

Bande-annonce du film.
L’action de L’ENNEMI INTIME est précisément située et datée : “ Quelque part en Kabylie” de juillet 1959 (premier carton) à décembre 1959. Même si le film ne prend pas soin de le préciser, il s’inscrit donc implicitement dans le cadre des opérations du Plan Challe. Le “plan Challe” (du nom du général qui a succédé à Salan le 19 décembre 1958) débute le 6 février 1959. C’est le troisième acte d’une stratégie militaire lancée en décembre 1956, date à laquelle le général Salan remplace le général Lorillot, stratégie destinée à contrer les actions du FLN :
- Premier acte, la bataille d’Alger, qui s’étend de janvier à octobre 1957, et qui répond à la vague d’attentats lancée par le FLN.
- Deuxième acte, l’édification en juillet 1957 d’un barrage électrifié le long de la frontière tunisienne, dit “ligne Morice”, qui coupe le FLN de ses bases arrières à l’étranger et permet d’engager la pacification du pays.
Ces deux opérations sont d’incontestables succès militaires.
- Troisième acte, le plan Challe a pour but d’écraser définitivement les maquis algériens et de reconquérir les territoires contrôlés par les fellaghas. Véritable rouleau compresseur, il progressera d’Ouest (Oranie) en Est (Constantinois), procédant par des attaques massives appuyées par l’aviation, parachevées par les groupes d’intervention qui pourchassent les derniers rebelles. Du 5 au 14 juillet 1959, l’opération Etincelles s’en prend aux forteresses du Hodna ; à la fin juillet, l’opération Jumelles s’attaque à la Grande Kabylie, puis l’opération “Pierre Précieuses” à la Petite Kabylie. Elles durent jusqu’au 3 mars 1960. Cette dernière opération fut la plus longue de la guerre d’Algérie. Le bilan officiel décomptera 26 000 “rebelles” tués et 10 800 faits prisonniers.
L’ENNEMI INTIME s’inscrit donc dans le contexte d’une des périodes les plus violentes de la guerre d’Algérie, marquée par une intensification très importante des opérations militaires et par une “grande impunité des militaires” (Raphaëlle Branche), qui ont vu leur pouvoir accru par des mesures comme l’instauration de l’état d’urgence en août 1955, puis le vote des “pouvoirs spéciaux” en mars 1956. Ainsi, en janvier 1957 le ministre résident Robert Lacoste accorde tous pouvoirs civils et militaires à la 10ème DP commandée par le général Massu pour éradiquer les réseaux de poseurs de bombe infiltrés dans la Casbah.
Son scénario, écrit par le documentariste et scénariste Patrick Rotman, s’appuie sur une documentation historique scrupuleuse et surtout sur un travail de recueil de témoignages, qui a déjà donné lieu à
deux documentaires (et deux livres) : L’ E N N E M I INTIME (2002), mais également LA GUERRE SANS NOM (co-réalisé avec Bertrand Tavernier en 1992). (source)



Liens: présentation du film et autres vidéos sur le site commeaucinema.com ; présentation des documentaires de Patrick Rotman sur le site de Kuiv, sa maison de production ; une interview de Patrick Rotman à propos du film.

La bataille d'Alger, de Gillo Pontecorvo (1966)

Docu-fiction.
Une reconstitution de la bataille d'Alger de 1957, à l'occasion du soulèvement de la population algérienne musulmane par le FLN contre le pouvoir colonial français, et de la tentative du détachement parachutiste de l'armée française de « pacifier » le secteur. Le film retrace principalement l'histoire d'Ali La Pointe lors de « La bataille d'Alger », soit de la lutte pour le contrôle du quartier de la Casbah à Alger en 1957 entre les militants du FLN et les parachutistes français de la 10e division parachutiste du Général Jacques Massu, par tous les moyens y compris l'usage de la torture. Le film a longtemps été interdit en France, considéré comme un film de propagande alors qu'aujourd'hui son objectivité est reconnue.




Liens: présentation du film sur afrik.com ; interview de l'historien Benjamin Stora dans L'Express à l'occasion des 50 ans de la bataille d'Alger ; la bataille d'Alger sur herodote.net.

4 commentaires:

Léa a dit…

Bonjour monsieur!

Dites, qu'est-ce que vous entendez par "diffuser les résumés des vidéos"?
Et tout ce que vous avez mis là c'est censé nous aider pour le III du cours que l'on doit terminer seuls?
Merci d'avance, et bon enfer, heu... séjour!^^

Léa

Monsieur Raingeard a dit…

Bonjour Léa,

par "diffuser" j'entends vous échanger les résumés dans un souci de collaboration entre vous.

par contre, ces vidéos sont plutôt utiles pour compléter les I et II du chapitre...

A bientôt

sharmila a dit…

bonjour monsieur!
votre séjour s'est bien passé?
d'autre part:
est ce que vous savez les chapitres sur lesquels sont tombés ceux de la filière S en 2008? si oui lesquels? en histoire et en géo. et puis est ce que vous pensez que les chapitres des sujets tombés l'année dernière ne tomberont forcément pas cette année?

Monsieur Raingeard a dit…

Bonjour Sharmila,

oui, le séjour s'est bien passé, merci...

pour les sujets du bac de l'année dernière, les voici:
Série S (coefficient 3)
Majeure Histoire
Composition : La Guerre froide 1947-1991
Composition : La France dans le Monde sous la Vème République
Explication de document : La colonisation et le système colonial français ( milieu du XIX ème siècle-1930)

Mineure Géographie (croquis)
L’organisation du Territoire des Etats-Unis
Des Nords-des Suds

enfin, rien n'interdit que ces sujets ne tombent deux fois de suite...de toutes les façons il ne faut faire aucune impasse!

bon courage pour les révisions et à mardi.