dimanche 3 mai 2009

Clermont-Ferrand on the rocks!

Le festival Europavox se tient depuis 2006 à Clermont-Ferrand et dans ses environs. Il a pour vocation de réunir la crème des musiques actuelles, tous styles confondus. L'édition 2009 se tiendra du 27 au 31 mai prochain et proposera entre autres les concerts de Vitalic, Charlie Winston, Bloc Party, Herman Düne ou Olivia Ruiz. La scène clermontoise sera elle aussi représentée. Pour vous faire une idée, rendez-vous sur le site europavox.com


Pour préparer la sortie en Auvergne, je vous propose de la musique Clermontoise, aussi tendance que méconnue. Cet article s'inspire très largement d'un article du numéro 9 de Volume, le magazine musical par les Inrockuptibles (avril 2009). "Clermont sur un volcan" est écrit par Richard Robert.

Sur la scène rock français, Clermont-Ferrand était il y a peu encore très loin des scènes provinciales telles que Bordeaux, Nantes, Angers, Rennes ou encore Rouen. Pour les amateurs de musique moyens, Clermont-Ferrand, capitale de la région Auvergne, c'était la bourrée auvergnate et "Le blues in Clermont-Ferrand" de Coluche qui montre que déjà, entre les volcans et les usines Michelin, la musique clermontoise était "rock'n'roll" (les paroles).




Une petite scène "garage" vivotait dans les années 1980 (autour des Real Cool Killers) alors que Jean-Louis Murat, le plus célèbre des artistes auvergnats, perché dans les montagnes auvergnate (il est né à Clermont-Ferrand et passe sa jeunesse dans la ferme familiale à la Bourboule) apparaissait encore comme très isolé.

Le 1er 45tours (...) des Real Cool Killers, 1987. Personnellement je suis passé à côté mais pour Jean-Luc Mannet, journaliste aux Inrock', c'est un évènement!

Jean-Louis Murat, en Auvergne.

Vous ne connaissez pas Jean-Louis Murat? Il a fait ça (entre autres...):



Mais dans les années 90 avec la tertiairisation des activités du plus gros employeur de la ville, la ville s'est internationalisée: Michelin a perdu 15 000 emplois (essentiellement des ouvriers) qui ont été compensés par la création de postes dans les services, la recherche ou l'université. Il y a 5000 étudiants étrangers à Clermont-Ferrand! Conjugée à une politique culturelle volontariste de la part des élus locaux, cette transformation a créé une effervescence favorable à l'émergence d'une "nouvelle scène" clermontoise dans les années 2000.

Une ascension fulgurante, de beaux succès commerciaux ont même fait dire en 2008 au journaliste David Davet du Monde que Clermont-Ferrand était "la capitale du rock français"! Il est vrai qu'avec près de 800 groupes référencés, la ville a des arguments de poids. Cependant les Clermontois sont sages et ne s'enflamment pas ("ils savent trop bien perdre" dirait un fan de l'ASM sachant manier l'autodérision...) comme en témoigne Pierre Andrieu, animateur radio fin connaisseur de cette scène "alternative" (il est certains que les groupes dont on va parler ici ne passent pas tous sur W9 ou NRJ12...): "L'article du Monde nous a fait plaisir, même s'il nous a aussi fait rire. Pour une fois on ne disait pas que Clermont était la capitale des licenciements et des pneus cramés. Mais il ne faut pas oublier que, comme partout ailleurs, il y a ici autant de très bons que de très mauvais groupes".



Essayons de nous concentrer sur ceux que la presse spécialisée encense et que les publicitaires s'arrachent. En effet le groupe Cocoon formé en 2006 à Clermont-Ferrand connait un beau succès et a vu trois de ses titres être utilisés par quatres marques aussi prestigieuses que Danone, Peugeot, Lancel ou Volkswagen. Vous connaissez forcément l'une de ces ritournelles folks:







Toutes ces chansons sont extraites du premier album du groupe My Friends All Died In A Plane Crash sorti en 2007. Leur Myspace.


Mais la scène est très variée, les styles sont représentés notamment grâce aux actions d'une poignés de labels locaux qui eux-aussi s'adaptent au succès: ainsi dans l'écurie, Kutu Folk fondée en 2006 et comparée à une "Motown auvergnate" (rien que ça!) sont produits des groupes de Clermont qui commencent à faire parler d'eux à l'échelle nationale. The Delano Orchestra connaît notamment un certain succès depuis la sortie de leur album intitulé A Little Girl, a Little Boy, and all the Snails They Have Drawn, en 2008. D'abord organisatrice de concerts, l'association s'est mué en label indépendant et alternatif, dépassant largement le cadre "néofolk" dans lequel certains l'ont un peu trop vite enfermé suite aux sorties de Leopold Skin et St Augustine. Ainsi, les groupe Pastry Case peut être rapproché de la scène hip-hop des Sage Francis ou Buck 65, pour les amateurs.... Les groupes clermontois sont très nombreux et si tous ne sont pas connus certains commencent à tourner au-delà des sphères d'influence de la capitale auvergnate, en participant aux festivals de France et de Navarre (Printemps de Bourges, Eurockéennes de Belfort, etc...) ; citons par exemple The Elderberries, Quidam (qui chante en français), Mustang qui fait revivre les rock crooner des années 50-60, Subway ou encore B/O/L/I/K et le Big Royal Kunamaka Orchestra. Impossible de tous les énumérer tant la scène Clermontoise est prolixe. Pour vous faire une idée, on recense plus 500 pages myspace tenues par des groupes de la ville: cliquez ICI pour y jeter un oeil et faire vos choix selon vos styles préférés... Pour les fainéants, je vous propose deux playlist assez éclectiques (même si le rock, au sens large, domine).

La playlist de Kutu Folk: ici.


D'autres sons made in Clermont-Ferrand:




Une telle production n'a pu être possible que grâce à une structure permettant d'accueillir tous ces groupes: La Coopérative de Mai. Salle de concert bâtie sur l'ancienne coopérative de l'usine Michelin en 2000, elle sert de tremplin aux groupes clermontois tout en permettant la venue en Auvergne de têtes d'affiche de la scène musicale internationale. Clermont-Ferrand est devenue une étape quasi-incontournable pour les tournées! Le directeur des lieux, Didier Veillault explique le double rôle de la Coope: "On a souvent invité des groupes du coin à ces concerts [ceux des groupes internationalement connus]. On sait que ça peut davantage les faire progresser que trois heures de répète. Créer de la séduction et de l'émulation, cela fait aussi partie de l'accompagnement qu'on doit leur proposer. Ils en apprennent forcément des tonnes en voyant jouer des groupes de ce calibre." Conséquence du succès, certains animateurs de la scène musicale locale critiquent la direction commerciale prise par la Coopé, qui privilégierai les noms ronflants et vendeurs pour remplir sa salle. Mais c'est oublier l'importance d'une telle structure pour faire vivre la culture dans une ville...


Un blog: clermontrockcitybeach s'intéresse à la vie musicale de la ville.

Bonne écoute et à bientôt pour des pages plus "sérieuses" sur Clermont-Ferrand...


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